en français, éventuellement. Je ne sais même pas pourquoi j'ai ajouté "eventuellement" à la fin de la phrase précédente. Mais bon, c'est une façon de parler, ou il s'agit plutôt de MA façon de parler. Mon ancien prof de langue m'a dit une fois: quand tu apprends une langue étrangère, tu passes par imiter ce que disent les autres (ici les locuteurs natifs). Dès lors, j'ai jamais cessé de m'approprier la langue française de cette manière enfantine (ou animale, comme les perroquets?).Tant bien que mal, ça ne me casse pas la gueule, à double sens. Pour un apprenant passif comme moi, il faut vraiment se fondre dans la foule pour savoir comment se comporter. "Non t'es pas petite, t'es juste discrète, invisible" ok, on rigole.
Je souris tout le temps, malgré cette impulsion de cracher, de crier, de prendre la parole. De m'imposer pour une fois et pour toujours: Ecoutez, chuis pas une poupée chinoise.
Non, je ne suis qu'une gamine quand je parle. J'ouvre bien grands mes yeux. Je les laisse ouverts toujours. J'avale tout ce que disent les profs, je leur réponds timidement. Je prends des notes, je fais des fautes sans les retenir et corriger. Je rigole sans vraiment comprendre de quoi on rigole. Alors bon. J'ai eu mon année et je la mérite. Mais bon, non, c'est pas encore dingue. On recommence. Non mais tu parles bien français, on n'entend très peu d'accent. Hier y a une fille qui m'a dit que quand je parle elle n'entend pas d'accent (sous entend que je parle bien ta langue, non?) Mais non si elle a dit ça, surtout elle qui ne parle pas bien français, heh. (C'est méchant de me dire ça - étouffée).
Je cite le discours de réception du prix Nobel de Patrick Modiano en 2014, de l'écrivain dont le caractère mutique a fait le grand tour et pour qui je me permets d'éprouver une grande compassion:
"[J]’appartiens à une génération où on ne laissait pas parler les enfants, sauf en certaines occasions assez rares et s’ils en demandaient la permission. Mais on ne les écoutait pas et bien souvent on leur coupait la parole. Voilà ce qui explique la difficulté d’élocution de certains d’entre nous, tantôt hésitante, tantôt trop rapide, comme s’ils craignaient à chaque instant d’être interrompus. D’où, sans doute, ce désir d’écrire qui m’a pris, comme beaucoup d’autres, au sortir de l’enfance. Vous espérez que les adultes vous liront. Ils seront obligés ainsi de vous écouter sans vous interrompre et ils sauront une fois pour toutes ce que vous avez sur le cœur."
J'adore les écrivains dont je connais très peu la vie et je croise par chance les oeuvres. Que l'imagination remplisse bien la fosse (faute) qui nous sépare.
Je souris tout le temps, malgré cette impulsion de cracher, de crier, de prendre la parole. De m'imposer pour une fois et pour toujours: Ecoutez, chuis pas une poupée chinoise.
Non, je ne suis qu'une gamine quand je parle. J'ouvre bien grands mes yeux. Je les laisse ouverts toujours. J'avale tout ce que disent les profs, je leur réponds timidement. Je prends des notes, je fais des fautes sans les retenir et corriger. Je rigole sans vraiment comprendre de quoi on rigole. Alors bon. J'ai eu mon année et je la mérite. Mais bon, non, c'est pas encore dingue. On recommence. Non mais tu parles bien français, on n'entend très peu d'accent. Hier y a une fille qui m'a dit que quand je parle elle n'entend pas d'accent (sous entend que je parle bien ta langue, non?) Mais non si elle a dit ça, surtout elle qui ne parle pas bien français, heh. (C'est méchant de me dire ça - étouffée).
Je cite le discours de réception du prix Nobel de Patrick Modiano en 2014, de l'écrivain dont le caractère mutique a fait le grand tour et pour qui je me permets d'éprouver une grande compassion:
"[J]’appartiens à une génération où on ne laissait pas parler les enfants, sauf en certaines occasions assez rares et s’ils en demandaient la permission. Mais on ne les écoutait pas et bien souvent on leur coupait la parole. Voilà ce qui explique la difficulté d’élocution de certains d’entre nous, tantôt hésitante, tantôt trop rapide, comme s’ils craignaient à chaque instant d’être interrompus. D’où, sans doute, ce désir d’écrire qui m’a pris, comme beaucoup d’autres, au sortir de l’enfance. Vous espérez que les adultes vous liront. Ils seront obligés ainsi de vous écouter sans vous interrompre et ils sauront une fois pour toutes ce que vous avez sur le cœur."
J'adore les écrivains dont je connais très peu la vie et je croise par chance les oeuvres. Que l'imagination remplisse bien la fosse (faute) qui nous sépare.
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