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Showing posts from January, 2017

j'ai dix ans quand j'écris

en français, éventuellement. Je ne sais même pas pourquoi j'ai ajouté "eventuellement" à la fin de la phrase précédente. Mais bon, c'est une façon de parler, ou il s'agit plutôt de MA façon de parler. Mon ancien prof de langue m'a dit une fois: quand tu apprends une langue étrangère, tu passes par imiter ce que disent les autres (ici les locuteurs natifs). Dès lors, j'ai jamais cessé de m'approprier la langue française de cette manière enfantine (ou animale, comme les perroquets?).Tant bien que mal, ça ne me casse pas la gueule, à double sens. Pour un apprenant passif comme moi, il faut vraiment se fondre dans la foule pour savoir comment se comporter. "Non t'es pas petite, t'es juste discrète, invisible" ok, on rigole. Je souris tout le temps, malgré cette impulsion de cracher, de crier, de prendre la parole. De m'imposer pour une fois et pour toujours: Ecoutez, chuis pas une poupée chinoise. Non, je ne suis qu'une gamine

Ce que j'ai appris de Foucault

Lors des révisions aux dernières minutes pour un partiel, quelques phrases de Michel Foucault qu’avaient croisé mes yeux m’a frappée à grands coups : « Plus d’un, comme moi sans doute, écrivent pour n’avoir plus de visage. Ne me demandez pas qui je suis et ne me dites pas de rester le même : c’est une morale d’état-civil ; elle régit nos papiers. Qu’elle nous laisse libres quand il s’agit d’écrire. » Quand on étudiait cet extrait en cours, notre prof a insisté sur le morceau de « Ne me demandez pas qui je suis et ne me dites pas de rester le même » à plusieurs fois. A ce moment, je croyais qu’il s’agissait d’une revendication de la part de Foucault seul, vu de son attitude envers ses publications si complexes et contradictoires. Or, maintenant dans mon dialogue silencieux avec mon idole depuis un certain temps (je trouve chez Foucault une image fascinante d’un type d’intellectuel subversif par excellence, tellement que j’ai un portrait de lui sur mon bureau : son visage souria

L'angoisse discursive

J’ai horreur de parler, car parler, pour moi, ce n’est pas simplement d’utiliser la langue comme un organe quelconque du corps. Parler, c’est plutôt une prise de parole, une affirmation de son existence à travers laquelle quelqu’un ouvre la porte de chez lui et crie : Eh oh, je suis là. Bien sûr, la plupart de nous ne crient pas de telle manière dans l’ordre de la conversation quotidienne, et pourtant, dès qu’on « prend la parole », cette parole appartient déjà à quelqu’un d’autre. On lui l’arrache, sans ou avec son accord, comme ôter la veste à velours du comédien pour jouer à notre tour son rôle. Un petit jeu bien gênant, car on laisserait son interlocuteur-partenaire effrayeusement nu sur la scène. La voix est l’expression de notre âme, un certain illustre a dit ça et la parole une sorte de manifestation qui donne la visibilité, voire la matérialité à notre esprit.    J’ai horreur de parler, car cela me donne une telle visibilité que parfois je ne souhaite pas avoir. Un m